Article paru dans le Bulletin de Liaison de l'ÉHPAD « Les jardins d'Automne » à AIX-NOULETTE (Pas-de-Calais) où a résidé Emilia.
« En 1940, Mme Emilia FAIVRE née JADCZYK vit avec ses parents à AVION lorsqu'elle fait une rencontre qui va radicalement changer son quotidien de jeune fille polonaise de 16 ans.
Elle passe son temps libre avec un groupe d'amis dans lequel un jeune homme a réussi à la convaincre de d'engager dans la Résistance. Elle devient Nadia ou Danielle selon les périodes et exerce la fonction d'agent de liaison. Son rôle était d'assurer le lien entre les résistants du maquis et son chef de section. Elle faisait partie d'une section où elle était la seule femme parmi 6 à 6 hommes.
Son chef de section était un certain Marcel GOURNAY, résistant basé dans le Pas de Calais et à l'origine de la section dont Mme FAIVRE faisait partie. Et « le monde est petit » puisque après de longues discussions à table, Mme FAIVRE s'est récemment rendu compte que M. GOURNAY était le parrain de Mme POTIER (Note : une résidente de l'ÉHPAD).
Son rôle au sein de la section était de transmettre régulièrement les comptes-rendus des activités des résistants aux responsables, ainsi que de faire parvenir aux Maquisards de l'argent pour survivre. De temps à autre, elle était aussi chargée d'aller chercher du ravitaillement dans les fermes des alentours pour les hommes vivant dans la nature cachés des Allemands.
Un jour,chargée de transmettre des documents à des résistants, elle se rend dans une ferme voisine qui avait été choisie pour la rencontre secrète.
Mme FAIVRE raconte que le transfert était sur le point de se faire lorsque des gens frappent à la porte mais les ordres étaient les suivants : ne jamais ouvrir la porte. Après quelques minutes de silence, les personnes qui s'avéraient être des Allemands ont fini par « défoncer la porte »comme le dit tout naturellement Mme FAIVRE.
En effet, après avoir été informés de l'opération secrète les Allemands sont intervenus pour une fouille des lieux en vue d'arrestation. Par chance, le porte-document avait glissé entre deux fauteuils et n'a donc jamais été trouvé par les Allemands et c'est grâce à cela que personne n'a été arrêté.
Néanmoins, après avoir été dénoncés, ce sont les membres de la section tout entière qui ont dû se cacher. Emilia a choisi une ferme d'ÉLEU-dit-LEAUWETTE. Elle se souvient tout émue que sa mère lui apportait discrètement son mets préféré, le lait frais de leur chèvre.
Elle fut emprisonnée quelque temps plus tard à la prison de LILLE et se souvient qu'elle y est restée quelques jours, et que des personnes sont venues la libérer et lui annoncer la Libération avec une grande joie.
Elle explique, pour l'anecdote, que suite à sa sortie elle devait rentrer sur AVION mais sans un sou en poche. Elle a pris un train sans billet et après un contrôle c'est l'homme assis sur le siège à côté d'elle qui lui a payé le voyage, sachant après quelques minutes de discussion qu'elle sortait de prison après avoir été un élément actif de la Résistance. Elle a ensuite fait du stop et fut conduite par hasard jusqu'à LENS par des journalistes du journal « L'Humanité ». Une fois rentrée chez elle, Mme FAIVRE a dû raconter à ses parents ce qui lui était arrivé puisqu'ils étaient sans nouvelles depuis un moment.
C'est depuis ce jour qu'elle s'est abonnée à ce journal !
C'est avec une grande émotion que Mme FAIVRE se confie et avoue qu'elle repense très régulièrement à sa mère et se demande, maintenant qu'elle-même est mère, comment elle a dû vivre cette période ne sachant pas où était sa fille et de qui pouvait lui arriver.
Quelle belle histoire de courage et d'engagement !
Nous présentons à Mme FAIVRE toute notre admiration ! »